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  • Photo du rédacteurJoël GUERRIAU

Mon intervention sur l'opération Barkhane


Le groupe Les Indépendants tient à rendre hommage à nos soldats. A celles et ceux qui ont perdu la vie, qui ont été blessés et à tous les militaires engagés, à leur famille.


La mission confiée à notre armée est celle de lutter contre les groupes armés terroristes. Elle l’a admirablement accomplie et continue de le faire. Nos soldats ont ainsi libéré les villes occupées et poursuivent les terroristes partout où ils se trouvent. Ce n’est pas au moment où le bilan de l’opération Barkhane s’améliore qu’il faut baisser la garde d’autant plus si de nouveaux entrants européens viennent nous épauler.


Le principal effet de l’opération Barkhane est de prévenir l’effondrement des États et la création d’un sanctuaire par les terroristes.


Tout retrait donnerait satisfaction aux activistes qui sont par nature nos ennemis. Ne nous y trompons pas !


Les armées locales sont encore loin d’être en mesure de lutter seules contre ces groupes. Un retrait de nos forces serait suivi d’une nette dégradation des conditions de sécurité entrainant des déplacements massifs de populations.


Au cœur du Sahel, contrairement à la désinformation des réseaux sociaux, la population Malienne dans une très forte majorité aspirent au maintien de la présence militaire française.


Notre pays peut s’enorgueillir de son action. Le sacrifice de nos soldats pour une juste cause n’est pas vain, la tâche est considérable.


Pour fonder une paix durable, les nations de la zone doivent renforcer leur unité. Les États et leur service public doivent également être capable d’assurer une présence auprès de toutes les populations et sur tous les territoires.


En 1995 j’ai initié une coopération décentralisée entre ma ville et la commune de Kati limitrophe à Bamako.


Aujourd’hui la situation est catastrophique. Cette commune de plus de 100000 habitants recevait une aide de l’agence nationale pour le développement de 30 millions de CFA, maintenant seulement 9 millions. Quelle ville pauvre peut supporter une diminution de 70% de son budget ? Les agents territoriaux ne perçoivent plus de salaires.


À BAMAKO il est de plus en plus difficile de circuler. La misère se développe par manque de travail et de ressources alimentaires mais aussi l’arrivée de déplacés fuyant les zones dangereuses.


Nos amis maliens souffrent sur le plan économique, touristique, sécuritaire et politique.


Sur le plan économique les partenaires aidants se font de plus en plus rares.


Sur le plan touristique, les villes de Ségou et Mopti qui connaissaient un flux régulier de touriste ont perdus une ressource précieuse.


Sur le plan sécuritaire dans les zones les plus exposés au terrorisme des milliers d’école sont fermés depuis déjà cinq ans au Burkina Faso et au Mali. Cette situation est extrêmement grave car c’est le terreau qui nourrit l’effervescence radicale islamiste.


Aussi sur le plan politique, les gouvernants des États du Sahel doivent affronter une situation extrêmement complexe.


L’opération Barkhane doit être maintenue afin de ne pas ajouter de souffrance à des pays en forte difficulté.


Les écoles doivent rouvrir. Pour affaiblir et faire disparaître les groupes armés terroristes, il faut agir à tous les niveaux.


L’opération Barkhane ne saurait à elle seule résoudre le phénomène terroriste au Sahel, elle est une condition nécessaire à l’émergence de solutions politiques.


Si la zone passait sous le contrôle des terroristes, comme ce fut le cas en Afghanistan ou au Levant, le risque serait grand de voir la violence s’exporter contre nos populations. Nous serions alors forcés d’intervenir, dans des conditions encore plus dégradées, comme nous l’avons fait contre les Talibans et contre l’État Islamique.


En somme, l’action militaire empêche la défaite ; la victoire demeure entre les mains des responsables politiques locaux. Rien, cependant, ne permet de dire quand de telles solutions pourront être trouvées. La France doit donc s’attendre à ce que son intervention dans la région dure et s’y préparer. Dans ces conditions, il convient de rendre notre effort soutenable.


Il faudra continuer à chercher des soutiens concrets à l’action que nous menons, pour que nous ne soyons pas seuls à supporter les coûts de cette opération qui sert les intérêts de tout le continent européen. Nous pouvons réduire notre effectif que dans la mesure où de nouveaux contingents européens prennent la relève.


L’Europe doit prendre en considération cette dimension, soit par une mutualisation des coûts, soit par une contribution accru de l’aide au développement des pays Sahel.

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